Une histoire de chameau et de bonheur
Une question m'est venue récemment, en repensant aux pauvres des favelas dont parle la bienheureuse Teresa de Calcutta, à certains étonnements autour de nous, et à ce qu'on constate généralement chez les riches :
pourquoi les pauvres sont-ils plus heureux que les riches ?
Jésus se mettait en route quand un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus lui dit : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? Personne n'est bon, sinon Dieu seul. Tu
connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas
d'adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne
fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. » L'homme répondit : « Maître, j'ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse. » Posant
alors son regard sur lui, Jésus se mit à l'aimer. Il lui dit : « Une
seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux
pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre et s'en alla tout triste, car il avait de grands biens.
Alors
Jésus regarde tout autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il
sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d'entrer dans le
royaume de Dieu ! » Les disciples étaient stupéfaits de ces
paroles. Mais Jésus reprend : « Mes enfants, comme il est difficile
d'entrer dans le royaume de Dieu. Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. » De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? » Jésus les regarde et répond : « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » Pierre se mit à dire à Jésus : « Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre. » Jésus
déclara : « Amen, je vous le dis : personne n'aura quitté, à cause de
moi et de l'Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un
père, des enfants ou une terre, sans qu'il reçoive, en ce temps
déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres,
avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. »
Évangile du jour selon Saint Marc 10, 17-30
Pourquoi l'évangéliste ne dit-il pas : "il s'en alla tout triste car il ne voulait pas se séparer de ses biens" ?
Parce que c'est sous-entendu.
Reprenons la question : pourquoi les riches ne sont-ils pas heureux alors que les pauvres y arrivent ?
Plus le riche possède, plus il s'attache à ce qu'il a et plus sa maison et son cœur sont occupés par les biens de ce monde, moins il y a de place pour Dieu. *
Plus le riche possède, plus il convoite, car l'homme est un être de désir, qui aspire à l'infini. **
Plus le riche possède, plus il a peur de le perdre et plus il veut contrôler ses biens, sa vie, et son avenir. Plus il veut être Dieu au lieu de vouloir Lui appartenir.
Plus le riche possède, plus il place son orgueil dans ses biens au lieu de le placer en Dieu.
Mais le pauvre, le pauvre lui a si peu, que son cœur ne peut être rempli que par Dieu. Et un cœur rempli de Dieu est infiniment grand.
Le pauvre a si peu qu'il a appris à se contenter de ce peu qu'il possède, et il s'émerveille de ce qu'il reçoit, par conséquent sa faculté d'émerveillement est illimitée. ***
Le pauvre a si peu qu'il remet ses biens, sa vie, et son avenir à Dieu avec facilité.
Le pauvre a si peu qu'il ne saurait placer son orgueil qu'en Dieu.
Jacques Brel avait raison : le pauvre qui ne possède que l'amour, possède Dieu, et à travers lui toute la Création.
Découvrez la playlist Quand on n'a que l'amour avec Jacques Brel
En fait, le riche est un pauvre à plaindre, un pauvre qui s'ignore, et le pauvre un Riche que l'on ignore.
*"Les riches : vous voyez bien ce qu'ils ont, vous ne voyez pas ce qui leur manque." (Saint Augustin)
** "Tu m'as fait pour toi mon Dieu, et mon âme est sans repos tant qu'elle ne demeure en toi." (Saint Augustin, encore !)
*** "Le bonheur, c'est de continuer à désirer ce qu'on possède" (Saint Augustin, toujours ! )