Sainte Anne d'Auray
Il y a deux ou trois mois, lors d'une messe de dimanche ordinaire, nous avons accueilli en plus des pèlerins habituels, des pèlerins vietnamiens.
Procession aux offrandes gestuée, chorégraphiée même, sur un air de guitare de chez eux avec des fleurs et en costume traditionnel... Notre Père chanté à la guitare aussi, c'était magnifique.
La semaine dernière, ordination de quatre diacres en vue du sacerdoce et trois prêtres, dont un frère de cœur à qui je dois beaucoup, beaucoup. Messe avec un peu de famille et de nombreux amis, retrouvailles, ce fut un grand et beau moment de joie. Trois heures et demie de cérémonie, et tout le Morbihan réuni autour de ses enfants qui se donnent à Dieu pour toute la vie.
Le lendemain lundi, première messe du frère en question. Moment intense où tout le monde ou presque larmoyait et où le jeune ordonné faisait de son mieux pour ne pas se joindre aux fontaines qu'il voyait très bien de l'autre côté de l'autel.
Aujourd'hui... messe avec quatre Irakiens qui ont fui Bagdad et un évêque Syrien qui, après un long séjour en Amérique du sud, retourne dans sa ville natale, bombardée quotidiennement pour "participer de leurs souffrances" puisqu'il a "participé de leurs joies". Lui et les laïcs irakiens ont récité le Je Vous Salue Marie en arabe, après que l'évêque nous ait expliqué que deux des membres de la famille de certaines personnes présentes avec lui avaient été récemment découpées en morceaux, membre à membre, vivantes, pour ne pas renier leur foi. Le ton de sa voix, au milieu des "por favor" pour nous demander de prier pour l'église d'Orient, pour l’Église du monde, pour la Paix dans le monde, m'a mis les larmes aux yeux. C'était l'Ave Maria le plus émouvant que j'ai jamais entendu. Ensuite, nous avons chanté en Breton "puisque Jésus n'a pas besoin d'aller à l'école pour apprendre les langues".
En rentrant en France après deux ans en Chine, ayant entendu une messe en Thaï, une en anglais américain, trois en japonais, et de très nombreuses en chinois, je pensais revenir à une espèce de train-train liturgique français.
Que dalle. Chaque messe dans le sanctuaire de ma sainte patronne est une messe ouverte sur le monde entier qui m'envoie aussi loin qu'en Asie ou en Orient, auprès des chrétiens persécutés auxquels je pense souvent. Et m'ancre un peu plus dans ma culture d'origine, avec ses saints fondateurs, sa langue, ses dévotions particulières... et ses bénédictions.
Deo Gratias. Il a plu au Seigneur de me faire voyager dans ses églises en attendant que je voyage dans mes salles de classe...