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Les Niouzes de Nitt'
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Les Niouzes de Nitt'
  • Chine, Japon, États-Unis, mes salles de classe, mes découvertes, mes coups de gueule et surtout mes coups de cœur... bienvenue sur les Niouzes de Nitt, prof de Français Langue Étrangère, jeune maman, touche-à-tout.
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17 mars 2011

Attention prof méchant

J'ai fait une bêtise.
Je me suis crue guérie, et j'ai arrêté les huiles essentielles il y a deux jours. Résultat hier en rentrant de cours, j'ai travaillé un peu, en luttant contre le sommeil, et j'ai fini par aller me coucher alors que mille urgences me réclament en ce moment. Et puis je me suis réveillée pour le dîner, et je me suis recouchée à une heure raisonnable... et ce matin, je me suis réveillée dans l'état très rafraîchi et réjouissant de la loque de serpillière fatiguée. A midi, après deux malheureuses heures de cours même pas très demandeuses en énergie, j'étais à la ramasse. Je faisais tout pour ne pas m'écrouler dans mon assiette.
Alors j'ai recommencé les huiles essentielles.
Saleté.

Et puis, aujourd'hui fut riche en rebondissements dont je suis pas forcément très fière, mais qui vont vous intéresser. Ce matin, soucieuse pour le Japon - explosions, risque nucléaire, Akiko, tout ça quoi - j'oublie les livres des étudiants, que j'avais corrigés la veille (oui, le truc sur lequel j'ai lutté pour pas m'endormir avant la fin). J'enfourche mon vélo, croise un premier groupe de jeunes Chinois qui s'exclament "waiguoren, waiguoren*", puis un autre à quelques mètres qui s'écrie la même chose avant de beugler "meiguoren**", ce qui m'énerve un peu, par conséquent je me retourne sur mon vélo et hurle en retour "faaaaaaguoreeeeen !***" histoire de leur apprendre que c'est pas parce que je suis blanche avec un "grand nez" que je suis une Américaine. C'est vrai quoi, ça fait deux ans que je subis, j'en peux plus. Mais du coup en classe, ça me sera très utile pour expliquer le mot "colère" ce matin-même.

Arrivée en classe, je me rends compte de mon oubli, reprends mon vélo en sens inverse en angoissant à l'idée de retrouver mes petits inconséquents, qui se tiennent, ouf, mais KataKLONK, ma bicyclette déraille. Youuuupiiiie. Je la laisse à la maison, prends les livres et repars à pieds.
Leçon, grosse fatigue, déjeuner en compagnie de Cynthia qui compatit très sincèrement à mon état lamentable, retour à la maison, sieste, repartage à pieds, cours... puis la fameuse heure de tutorat qui termine la journée, pendant laquelle je prépare ma leçon de demain, tout en entendant glousser de l'autre côté de la porte de la classe, qui d'ailleurs est régulièrement cognée à l'occasion.
Des étudiantes - elles doivent être nouvelles, certains cursus finissent en milieu d'année, résultat il y a des nouveaux au second semestre - sont en train de passer le nez à la fenêtre de la porte de la classe pour me regarder. Je ne fais rien d'intéressant : je suis assise, je réfléchis et j'écris. Mais apparemment ça suffit à leur joie, et je sens bien que ça devient un jeu. Elles ont vingt ans, elles agissent comme des petites filles de primaire.
Après un gros quart d'heure de ce petit manège ridicule, je craque. Je vais à la porte d'un pas décidé, l'ouvre en grand et un peu violemment, et m'écrie : "wo shi faguoren, ni kan-kan waiguoren, haole ?****" et attends un peu que tout le monde ai bieeeen le temps de m'observer avant de balayer la scène d'un regard furibond, que j'espère très expressif et qui me permet de voir qu'en effet, j'ai l'air suffisamment méchant pour qu'elles comprennent. Ma petite sortie les a surprises. En plus, je cause mandarin, ce qui doit les épater. Bon, sous le coup de l'émotion j'ai oublié la particule d'interrogation mais l'essentiel est passé. Je fais demi-tour, rouvre la porte brutalement avant de la claquer bien fort, et d'annoncer aux étudiants encore présents que "je suis en colère !" et d'expliquer un peu que là, vraiment, j'ai eu ma dose.
Ils comprennent. Ils sont trop choux.

Je rentre chez moi un peu plus tard, me force à reprendre mon vélo et à aller chercher le réparateur que Cynthia m'a indiqué, dans la rue qui passe au nord de l'université. J'hésite un peu, puis trouve le monsieur qui observe des potes en train de jouer aux mahjong ou aux échecs chinois, lui montre que quand je bouge les pédales la roue ne..? ?!??!??!!! Ah ben ça alors ! la chaîne s'est replacée toute seule pendant le trajet !!! J'hallucine. Le brave petit monsieur cherche aussi, il teste les freins et me fait signe que je peux repartir... Ce que je fais sur le vélo cette fois. Porte nawak.

Plusieurs choses sont désormais sûres :

  • C'est bien une mononucléose qui me pourrit la vie. Je n'ai absolument plus aucun doute.
  • Mon séjour en Chine doit vraiment, vraiment s'arrêter à la fin de cette année, je deviens hargneuse à force d'être le chimpanzé local. Vivement la fin...
  • Par conséquent j'ai trouvé un nouvel effort de carême (ouaiiis !) : arrêter de m'énerver à cause de mon statut d'expat'.
  • Enfin, ma bicyclette, qui est pourtant la meilleure marque du pays, c'est de la caille. Je ne paierai pas l'envoi en France cet été. Pas la peine.

* étrangère
** Américaine
*** Françaiiiiiiiise !
**** Je suis française. Vous regardez l'étrangère. Ça va ? / C'est bien ? / Vous êtes contentes ?

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Commentaires
M
attention prof qui mord ! sa mère est bien fatiguée aussi ce soir, cause nettoyage de fenêtres et de sols chez son frère, vive la famille ! bisous quand même ! et vive cet été que tu rentres !!!! oui oui oui !!!!
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S
Quel effort de Carême !!! Tu n'as pas la vie dorée de certains expat.. Et nous savons à quel point ta vie est difficile.<br /> Bises corréziennes.
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