Asakusa
Mardi 23 juin, je rejoins Akiko à la gare de Shibuya, et nous nous rendons, à ma demande, dans le quartier magique d'Asakusa. Asakusa, c'est un endroit contrasté et coloré, avec un temple bouddhiste immense et magnifique, des petites rues anciennes tout autour... et pas très loin, des immeubles célèbres pour leur architecture ultra-moderne. C'est mon coin préféré au Japon après Yokohama.
Ça commence dès la station de métro, avec des mikoshi (temples portatifs) exposés non loin de l'ascenseur... (Clic pour agrandir)
Un plan du quartier et une céramique dragonnesque !
Et dès qu'on pointe le nez dehors, on est saisi par la chaleur du soleil de plomb, qui cogne aujourd'hui (aïe), et par la beauté du lieu :
Devant, la sortie de métro ouvragée et la rue, puis, à gauche, le bâtiment célèbre pour le piment doré qui le coiffe.
En regardant la rue à droite, des pousse-pousse, qu'on ne trouve nulle-part ailleurs à Tôkyô, avec de jeunes tireurs de pousse-pousse qui attendent qu'on loue leurs services. On sait donc qu'on est dans un quartier traditionnel et touristique. Très traditionnel, et très touristique !
En revenant sur le trottoir, des lycéens en uniforme et en excursion sur place.
Asakusa est connu pour son architecture, et aussi pour un hadaka matsuri où les hommes de la maffia locale défilent librement, debout sur les mikoshi portés sur les épaules. Hadaka matsuri signifie festival nu, et est caractérisé par le fait que les hommes - ici les yakuza, debout sur les temples portatifs - ne portent qu'un fundoshi, le sous-vêtement traditionnel, qui laisse voir la quasi-totalité de leurs tatouages. Ils montrent ainsi leur capacité de résistance à la douleur - le tatouage est effectué selon la méthode traditionnelle polynésienne, d'où il est arrivé, et est bien plus douloureux que chez nous - et étalent leur bravoure devant le public. Il est à noter que pour cette raison le tatouage est associé à la maffia et ne se fait jamais chez le commun des mortels : non seulement il "abîme le corps", reçu des dieux et des parents et qu'il ne faut pas défigurer, mais il est porteur d'une très forte connotation.
Nous nous retrouvons rapidement devant la première porte du lieu sacré :
Voyez les lycéens, encore là juste après une séance photo collective, et admirez les statues des dieux qui protègent l'endroit.
Nous passons dessous et nous retrouvons dans le passage qui m'avait laissé un grand souvenir, et où il y a six ans j'ai acheté mon furin, avec trois clochettes en fonte qui tintent si joliment. Le chemin est encadré par des échoppes où on trouve de tout : du thé, des baguettes, des costumes traditionnels, des gâteaux, et chose exceptionnelle : des souvenirs ! Depuis quelques temps je cherchais un endroit où acheter un de ces objets ou badges idiots (mais dont New York m'a rendue accro) qui dirait "I love Tôkyô". Que dalle. Sauf ici, où je trouve un bijou de portable Naruto accroché à une mini Tôkyô Tower (pron : tookyoo tawaaa). Il a une tête irrésistible, mais je reste prudente et décide de regarder un peu autour avant de l'acquérir.
Au milieu du parcours : au fond on voit le toit de la seconde porte.
Comme dans beaucoup de lieux touristiques, une fabrique de gâteaux avec la machine qui pond des biscuits emballés devant nos yeux ! J'ai toujours trouvé ça fou !
Il fait chaud et nous mourrons de soif. Après avoir hésité devant un marchand de bouteilles de limonade traditionnelle, qui vend ses boissons un peu cher, nous optons pour un thé glacé sucré, vendu dans une échoppe en photo ci-dessus où, boissons traditionnelle oblige, les vendeuses sont en yukata (kimono d'été, avec deux épaisseurs en moins). C'est tellement bon qu'on achète ensuite un sachet de ce breuvage exquis. On en met un peu dans l'eau chaude ou froide, voire du lait pour un macha latte, et on se régale !
Et en plus, c'était pas cher du tout.
Avec la nette sensation que nos estomacs ne tiendront pas très longtemps, vides comme ils sont, nous entamons la recherche d'un restaurant bon marché. Cela ne nous empêche pas de continuer à admirer les boutiques, et à faire un achat de baguettes pour mon grand frère...
Une échoppe de friandises à base de pâte d'azuki,ou haricots rouges sucrés. On dirait une bijouterie. Ici c'est normal.
En regardant là d'où nous venons...
La boutique de baguettes, tenue par trois mamies qui me proposent de graver mon nom sur les baguettes (avec deux hiboux adorables sur le haut, dans une goutte de vernis). Je leur dis, via Akiko, que c'est un cadeau ; on me conseille alors de les garder intactes. Ça tombe bien, c'est ce que je voulais !
Au Japon, on choisit ses baguettes en fonction de la taille de ses mains : elles doivent être longues comme deux fois et demie la largeur de la paume. Ainsi on pourra les tenir confortablement et manger à l'aise. Pour les enfants, ils existe des baguettes "pédagogiques" avec des encoches et des cercles où mettre ses doigts, pour bien les positionner. Ça ressemble à des instruments de torture...
Nous prenons une rue transversale et voyons arriver un homme, qui tire une petite charrette avec de la nourriture dedans, portant une perruque de marchand de je-ne-sais-quoi qui lui fait un crâne chauve sur le dessus, et un tablier bleu. La photo ci-dessous, agrandie, vous le montrera sur la gauche, au coin de la rue où il s'est installé.
L'estomac de plus en plus bas direction les talons, nous nous mettons en quête d'un restaurant et tentons le dernier étage de la galerie commerciale Matsuya. Chou blanc. En revanche, sur le chemin qui y mène, nous faisons une curieuse trouvaille roulante :
Nous finissons par trouver au sous-sol, dans une rue non loin, un restaurant appartenant à une chaîne spécialisée dans les plats de riz et viande bon marché. Akiko n'a jamais essayé, moi non plus, c'est l'occasion. La pièce est en longueur, autour d'un bar au milieu duquel circulent les serveurs. Pour les appeler, on appuie sur un bouton situé devant soi. On peut alors leur indiquer le plat choisi et attendre tranquillement. Il est plus de trois heures, il n'y a que quelques hommes d'affaire. C'est manifestement un endroit très masculin. Pour une fois, les murs sont peu soignés, la peinture un peu délavée, et le tout n'est pas particulièrement propre. On se sent dans un espace réservé au remplissage d'estomacs pour quelques centaines de yens. Ici on commence à 450, soit dans les 3 euros. Le bol n'est pas grand mais certains s'en contentent. J'ai tellement faim que je vise le bol à 650, ce qui étonne ma meilleure amie.
La présentation du lieu ne laisse absolument pas présager le régal servi un peu plus tard. C'est excellent. Nous repartons revigorées et très agréablement surprises. C'est décidé : la prochaine fois qu'on a faim et qu'on trouve un restaurant de cette chaîne, on y fonce sans se poser de question.
Nous reprenons notre route vers le temple d'Asakusa...
Cette petite rue transversale est fort surprenante :
en regardant bien, on trouve des samouraï cachés dedans !!
Devant nous, la seconde porte qui signale l'entrée dans un lieu sacré.
A gauche.
A droite. Les mini-temples ou lieux de recueillement, autour du principal, se multiplient.
En approchant et en regardant à droite,
à gauche,
et par en dessous !
Derrière les bâches, le temple, en réfection cette année. Snif. Devant, un brûleur d'encens géant.
Des couples qui vont sans doute se marier bientôt. Comment je le sais ? Parce qu'ils suivent une tradition toute nippone : ils ont acheté, pour 100 yens, une prédiction. On tire au sort un papier, généralement en ouvrant un tiroir sur lequel est gravé son prénom, et on le déplie pour savoir si l'événement pour lequel on vient consulter va se passer "bien" "moyen" ou "mal". Dans les deux premiers cas, on est rassuré, tout va bien, le voyage, l'examen, le mariage va être une réussite. Dans le dernier cas, on tire au sort jusqu'à obtenir un papier de bon augure, pour conjurer le mauvais sort. Puisque ce sont des couples, on sait qu'il y a des épousailles dans l'air.
La porte, encore, avec les getta (guéta) ou tongs géantes du Bouddha assis dans le temple.
Le brûleur d'encens, qui ne fume plus puisque la journée s'achève. Il est à moitié rempli de sable dans lequel on pique des bâtons qui libèrent une douce odeur tout le jour. Avant d'entrer dans le temple, on se purifie en se couvrant de leur fumée, comme chez nous on se signe avec de l'eau bénite. Dans la photo de droite, une splendide lanterne du temple.
Prenez le temps d'admirer non seulement la statue, mais aussi la superbe fresque au plafond.
La pagode dont j'ignore l'usage, peut-être est-ce le lieu de vie des moines du coin, et le dessous du toit de la seconde porte. C'est pas beau, ça ?
Un autre coin de recueillement...
Nous faisons demi-tour et assistons à la fermeture de nombreuses boutiques. J'achète le souvenir repéré tout à l'heure, à savoir la Tôkyô Tower avec Naruto accroché dessus, et m'amuse de voir (photo de droite) des pigeons dans les échoppes. Le temps de saisir mon A.P.N. le premier s'est envolé, le second est en train de le suivre. Clic !
La première porte vue de l'intérieur et la boutique Ghibli où nous sommes passées après le déjeuner.
A la porte du métro, et une fois dedans.
Nous prenons le métro, direction le quartier familier désormais de Kawasaki, où nous devons rendre des CD, à moins que ce ne soit des DVD. La station de métro y est gigantesque et fait office de galerie commerciale. A l'occasion d'un changement de ligne, nous jetons un œil à une place qui m'intrigue depuis longtemps car une vieille locomotive trône en son centre.
Il faudra agrandir encore pour vois le franponais du milieu : les marques "Bises opaque", "Chandelier" et "Coeur de parfum". Peut-être aussi "Minimum".
Et puis, le clou du spectacle nocturne : la sonnerie de huit heures.