Ellis Island
Bonjour éveuribaudi.
Petite précision historico-géographique tout d'abord.
Il y a 400 ans environ, une centaine de puritains britanniques et pacifiques atterrissait légèrement au-dessus de New York après une longue traversée de l'océan dans le but de rejoindre la communauté déjà fondée en Caroline (nord ou sud je sais plus) et ils avaient la désagréable surprise, poussés par le vent pendant la traversée, d'arriver trop haut, dans un coin non colonisé.
Sans outils, sans savoir-faire pour construire une maison, planter et se débrouiller.
Ils étaient dans la mouise.
Et puis ils ont fait la connaissance des Amérindiens locaux qui les ont aidés, montré comment fabriquer leurs outils et leurs maisons, quelles baies manger, quels légumes planter etc.
Après environ un an et la première moisson de la petite colonie, les puritains ont invités les Amérindiens à un festin qui a duré trois jours.
Depuis, chaque dernier jeudi de novembre, c'est le jour de "l'action de grâces" => "Thanksgiving" aux Etats-Unis. Les enfants n'ont qu'une demi-journée d'école le mardi qui précède, et ensuite c'est vacances jusqu'au lundi qui suit. Les jours qui précèdent les enfants font des activités sur "je remercie pour..." et le jeudi on organise une énorme bouffe avec la famille, les amis, avec pour plat traditionnel la dinde (énorme, un monstre!) et pour coutume le tour de table des remerciements.
Mercredi, nous avons profité des vacances pour aller à... Ellis Island! Nous sommes allés (retournés pour moi) à Battery Park où nous avons pris le ferry pour La Statue de la liberté puis pour Ellis Island, sachant que nous n'avons pas fait de pause sur l'île de la statue. Le bâteau oui, mais nous, nous sommes restés dessus.
Le fort Clinton où Andrew achetait les tickets pour le ferry, et un joueur de steel-drum qui récupère ses baguettes devant la file amusée.
Devant Battery park, New york nous contemple. Observez deux extra-terrestres en bas à gauche, preuve que l'endroit est connu!
Il faut agrandir la photo de gauche pour voir la tente blanche loin là-bas à gauche : au bout de la file d'attente!
Ici le vent froid aurait tendance à nous pétrifier sur place...
Photo de droite : notre ferry à côté de la tente de contrôle de sécurité. Surchauffée parce qu'on doit y enlever son manteau et on passe dans des portes magnétiques exactement comme si on rentrait dans un avion.
On ne badine pas avec la sécurité ici.
Ambiance : après avoir pris un pique-nique frugal je monte sur le pont supérieur afin de profiter du paysage.
Eh ben je vais aussi déguster le VENT à épiler les boeufs (ouais, ça enlève plus que les cornes!!!).
Non, je n'ai pas la coupe mili depuis un essai raté aux ciseaux, c'est le vent!
En sortant du bateau on passe devant l'échoppe de souvenirs et de... hot-dogs.
Alors ils débarquaient par là!
Ils se massaient là, au rez-de-chaussée, et laissaient leurs bagages avant de monter à l'étage pour l'enregistrement et l'examen médical.
Anecdote rigolote : nous sommes ici dans l'un des lieux de tournage de Hitch, une scène drôle mais basée sur du matériel... inexistant. Sarah est censée trouver la signature de son arrière grand-père, en vrai, dans un des registres exposés sous une cloche en verre. Il y a ici des bureaux d'enregistrement comme à l'époque, quelques photocopies de pages de registres mais la seule cloche en verre est celle du bocal de bonbons que vous allez voir ci-dessous...
A droite, le magasin de victuailles avec des menus dans plusieurs langues, où les immigrants pouvaient se procurer des vivres pour la route - parfois longue - vers leur nouveau foyer.
Ici on s'intéresse aux 9% de personnes mises de côté pendant l'inspection des files d'attente, suspectés de n'avoir pas une intelligence suffisante pour subvenir à leurs besoins, et donc susceptibles de prendre un bateau dans la direction opposée.
Le test du diamant à gauche, une photo d'archive à droite, et ci-dessous des objets employés pour les tests d'intelligence, très délicats à cause des différences culturelles et linguistiques.
On nous explique que les médecins d'Ellis Island ont dû inventer des tests et des questionnaires pour déterminer l'intelligence des arrivants le plus vite possible et en dépassant les barrières citées ci-dessus. La photo ci-dessous à gauche contient une citation magnifique : "On nous demande "combien font 2 et 1?" "combien font 2 et 2?" mais la jeune fille d'après, aussi de notre ville, est venue et ils lui ont demandé "comment nettoierais-tu des escaliers? Depuis le haut ou le bas?" et elle a répondu "Je ne viens pas en Amérique pour nettoyer des escaliers." "
Citation d'un médecin cette fois : "Un cas m'a hanté pendant des années. Une adolescente des montagnes du nord de l'Italie est arrivée à EI. Personne ne comprenait vraiment bien son dialecte particulier, et à cause de ses hésitations à répondre aux questions qu'elle ne comprenait pas, elle a été envoyée à l'hôpital pour une observation. Je peux imaginer l'impression de cette fille, qui avait toujours été protégée avec soin et n'avait jamais eu la permission de se trouver seule avec un homme, quand un docteur l'a soudainement cognée aux genoux, a regardé dans ses yeux, lui a fait faire demi-tour et chatouillé sa colonne vertébrale pour vérifier ses réflexes. L'enfant s'est rebellée - et comment!"
On prenait soin de marier les femmes libres et on proposait des relookings aux immigrantes, pour les aider à trouver plus vite chaussures à leur pied, et à s'intégrer.
Pour ceux qui ne pouvaient pas repartir tout de suite, il y avait un service d'accueil et d'hébergement avec restaurant et fêtes pour égayer un peu la vie sur l'île. Des bienfaiteurs finançaient des repas de Noël et autres, et les immigrants recevaient des cadeaux à l'occasion. Ci-dessus un collier en verre dépoli, reçu lors d'une de ces fêtes, qu'une femme chérissait comme la prunelle de ses yeux, selon son fils, qui en fit cadeau au musée.
Les couverts du restaurant, et une photo du laitier qui venait tous les matins remplir les verres des enfants. Visiblement c'était un souvenir merveilleux pour ceux qui l'ont vu.
Les restaurateurs ont épargné un coin de mur pour laisser apparents certains des graffitis. On trouve toutes les langues, tous les types de graffitis, et même des dessins d'enfants (un splendide bateau notamment).
Un petit coup d'oeil dehors. La vue devait être moins moderne mais tout aussi impressionnante.
La section des documents d'époque et graphiques : un graphique, donc, des affiches pour prévenir les jeunes allemandes que tous les emplois comme servante n'en sont pas, et divers certificats.
Sur la côte Ouest, il y avait San Francisco et Angel Island. Beaucoup d'asiatiques débarquaient là-bas et une bonne partie rédigeait des recommandations à l'usage des prochains arrivants, sur les réponses à donner et le comportement à tenir pendant l'enregistrement. Voici l'un des documents en question.
L'évolution des lois sur l'immigration (désolée, pas de traduction...) qui se sont durcies et durcies jusqu'à donner celles d'aujourd'hui, et quand les Américains en rient : le dessin en bas à gauche représente l'arrivée des colons de Thanksgiving, face à un Amérindien qui leur dit "désolé, les quotas pour 1626 sont clos."
Toutes ces affichettes sont celles de pièces de théâtre en lien avec l'immigration, qu'elles soient dans les langues des arrivants ou à propos des "problèmes" générés par l'immigration. On nous dit que les enfants s'acclimatient plus vite que les parents et qu'ils étaient souvent les interprètes de leurs famille. On motivait tous les nouveaux Américains pour qu'ils s'acculturent le plus vite possible. A droite, des Ukrainiens qui sortent de la messe catholique ukrainienne du dimanche.
Nous descendons deux étages plus bas pour trouver le fameux "kissing post" où les acceptés retrouvaient leurs familles et leurs amis. Juste derrière ont été installés un comptoir et une salle informatique où on peut mener des recherches pour retrouver sur les archives les noms de ses ancêtres passés ici. 10 millions d'Américains descendent des personnes qui ont été enregistrées ici.
La traduction de cet écriteau vaut la chandelle. On y raconte comment les gens s'embrassaient en fonction de leurs cultures :
"La façon dont les gens de différentes nationalités s'accueillent les uns les autres après une séparation de plusieurs années est une étude intéressante sur l'île. L'Italien embrasse sont petit enfant mais regarde à peine sa femme, ne la serre dans ses bras ni ne l'embrasse en public. Les Hongrois et Slaves s'étreignent et sanglotent. Le Juif de tous pays embrasse sa femme et ses enfants comme s'il possédait tous les baisers du monde et avait l'intention de tous les utiliser d'un coup."
Au rez-de-chaussée, un petit aperçu de l'artisanat des premiers habitants du pays et un arbre des mots créés par le contact des langues. Ca laisse les enfants perplexes, car "ça ne veut rien dire!"
Ici des photos du jardin, avec de gigantesques panneaux où sont gravés les noms des "bienfaiteurs" du musée qui ne fonctionne que grâce aux dons.
(Oui, c'est le lieu d'une scène coupée de Hitch!)
Retour à Battery park, avec une statue que je n'avais pas vue.
Et FIN!