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Les Niouzes de Nitt'
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Les Niouzes de Nitt'
  • Chine, Japon, États-Unis, mes salles de classe, mes découvertes, mes coups de gueule et surtout mes coups de cœur... bienvenue sur les Niouzes de Nitt, prof de Français Langue Étrangère, jeune maman, touche-à-tout.
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28 novembre 2007

C'est sanglant

Aujourd'hui, après plus d'un an et demi d'absence, tu retournes à l'EFS. En ce début d'après-midi de mercredi il n'y a quasiment personne, et après avoir tenu le crachoir à la réceptionniste, ravie d'apprendre tes projets d'avenir, ta vie, tes études, etc. tu descends voir la médecin de service, pour une petite conversation comprenant un résumé de ton état de santé, qui te donne parfois envie de rire, parce que quand on te demande si tu as voyagé et que tu dis où et quand, on refait un tour complet de toutes les régions concernées dans les 2 dernières années, même quand précisément tu n'as PAS voyagé ces deux dernières années (ce qui te ferait presque pleurer d'impatience). Puis on discute un peu de tes projets, de ta vie, des études (bis) et tu vas t'empiffrer "si si faut pas être a jeun, mangez avant et après, ça sera mieux" et boire comme un trou histoire d'être en forme. A la cantine la petite dame est adorable, tout le monde est adorable, c'est super.

De retour en bas, tu te trouves toute seule pour les dons, avec toutes les chaises et toutes les infirmières rien que pour toi. Le luxe. Quand tu signales que tu es sujette aux baisses de tension on est deux fois plus aux petits soins, on penche le fauteuil, et vas-y que ça discute pour connaître tes projets, tes rêves, tes études (ter) avant d'appeler une infirmière toute fraîche qui elle aussi te demande tes projets, tes rêves, tes études (quater) avant de te planter une aiguille bien plus grosse que dans tes souvenirs dans ton bras. Tu ne sais d'ailleurs pas ce qui est le plus douloureux des deux, entre  planter une aiguille dans tes souvenirs ou dans ton bras. Mais là ton bras dégouline et quand tu dis que c'est bizarre, tu te souvenais pas que l'aiguille était aussi grosse (ni qu'on te faisait juter à côté du trou?! Elle est vraiment fiable la nouvelle???) on pose une compresse pudique sur le massacre en disant qu'il ne faut pas regarder. Comme tu as affronté 4 ablations de dents de sagesse, la dernière en regardant tout parce que ça se reflétait dans la lampe de dentiste juste au-dessus de toi et que finalement tu voulais pas rater ça, tu te sens quand même prête à affronter cette scène. Surtout que tu as vu Danny The Dog, alors, hein, tu vas pas tourner de l'oeil pour autant. Mais quand même, là ça picote un peu.

Et puis tout à coup, l'infirmière a l'idée de prélever ton taux de plaquettes, histoire de savoir si tu es intéressante et afin que tu puisses y réfléchir tout ton saoul pour une prochaine fois. Elle laisse le soin de l'analyse (mettre un tube à essai dans une machine qui donne le résultat en 30 secondes... une manip' hyper compliquée) à sa collègue toute fraîche, qui prend le tube et se dirige vers la machine en disant : "il faut minimum 180, 200 c'est super." 30 secondes plus tard, la machine fait bip et elle t'annonce : "250!"

Tu es désormais une donneuse précieuse. En plus d'avoir le centre en entier pour s'occuper de toi, tu as maintenant l'attention de deux infirmières, la première pour veiller sur toi comme pour tout le monde, sauf que là t'es seule, la seconde pour t'expliquer comment se passe un don de plaquettes, qu'il y a aussi la possibilité de donner du plasma à cause de tes malaises vagaux, et qui va d'ailleurs demander son avis au médecin pour savoir ce qui est le mieux pour toi.

Quand l'infirmière toute fraîche te retire l'aiguille un peu plus tard, après avoir compté 10 minutes d'hémorragie avec sa collègue, tu fais la grimace parce que la surprise t'empêche de prendre la tête de la fille brave et que purée, la dernière fois tu l'avais pas senti comme ça. Tu entends alors la collègue bienveillante dire à la nouvelle qu'elle doit apprendre la douceur pour enlever les aiguilles. Elle répond que d'habitude ça fait pas mal, et tu penses alors, comme tout le monde autour de toi, que le sang a dû coaguler dessous et que ça a dû tirer sur 5 sentimètres au lieu de glisser en douceur dans 3 mm de diamètre. Tu reprends très vite un visage souriant et joyeux pendant que ton bras te lance joyeusement et qu'on prend ta tension pour vérifier que tu vas toujours bien. C'est alors que tu apprends que ta tension a monté d'un point depuis la visite médicale. Tu te poses beaucoup de questions, et tu réaliseras plus tard que désormais tu mangeras avant de te faire piquer, parce que ça a l'air de mieux marcher que de manger après...

Tu reçois ton petit papier à lire avant de bouger qui parle du don de sang, et tu rigoles un peu jaune en voyant "le don de sang est rapide et indolore". Ils ont de l'humour les mecs de l'EFS. Ils se sont déjà fait prélever du sang avant de faire leur plaquette de pub? C'est pas la mer à boire, mais bon, ton bras, là, il te fait un peu sentir le fait que t'es une héroïne et que tu viens de sauver une vie, quoi. Une fois parée, tu montes manger un morceau alors que t'as plus faim mais il faut leur faire plaisir aux infirmières, elles sont si gentilles. Et puis parce qu'on t'as demandé de te faire chouchouter et de bien prendre ton temps avant de repartir, tu attrappes un journal constitué à 90% de publicités de marques de luxe - tu comprends pourquoi il fait 200 pages - et tu tombes, alors que tu cherchais en vain un article sur le centenaire du scoutisme, sur des articles sur le Japon. Tu lis avidement, bavouilles un peu, discutes avec l'infirmière montée exprès pour te dire ce que la médecin d'en bas lui a conseillé pour toi, à savoir que c'est kif-kif-bourricot-tu-fais-comme-tu-veux-tu-choizes, et puis, enfin, tu décolles et tu retrouves les 2° centigrades de ce bel après-midi à Paris.

Tu y retourneras, ça c'est certain, et pas que pour la tarte aux lardons.

De retour chez toi, pour la beauté du geste et l'ironie du sort, tu te siffleras une demie-brique de jus d'orange sanguine. Pour un peu tu te prendrais presque pour la Vampire de Paris Je T'Aime, dans le passage avec Elijah Wood. Manque plus qu'Elijah Wood.

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Commentaires
M
que je vienne donner mon sang moi aussi, je veux bien voir ce jeune homme en chair et en os mais attention, pas touche à ma fille, ah mais !
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G
hi hi hi, sympa comme tout !<br /> moi on m'a toujours pris les plaquettes parce que mon sang il est nul... ça laisse le temps de regarder un film...
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