Une journée pour les nerfs

Aujourd'hui en cours nous avons tenté de finir l'impératif... Après le départ de Diadie pour un cours particulier, ce que j'ai appris quand Xiao Ping est venu lui dire que c'était pas mardi et jeudi mais lundi et jeudi. Je sais maintenant pourquoi, jeudi dernier, il n'est pas venu en cours mais est arrivé vendredi avec des feuilles d'exercices inadaptées à son niveau, encore faible. (J'aime être informée.)

J'ai tout de même eu plein d'apprenants (waw!), et nous avons (re)fait un exercice avant d'écouter Edith Piaf, pour le plus grand bonheur de Nergui qui a vu le film "La Môme" et qui ne s'en est toujours pas remise. Ca fait trois semaines. Du coup j'avais mis "la rédaction du journal La Seine" en vacances jusqu'à dans deux semaines. Et nous n'avons pas terminé la chanson, parce que l'exercice précédent nous a pris un temps fou et qu'en 20 minutes, on n'a pas eu le temps de comprendre le texte. Grah. Ce qui n'a pas empêché mes trois Mongols: Ganaa, Nyamaa et Nergui de rester discuter tard pour parler de Joe Dassin (très connu en Mongolie dans les années 70, ils m'ont sorti l'air de "Et si tu n'existais pas" avec un air béat) dont ils connaissent par coeur certaines chansons, sans les paroles qu'ils ne comprenaient pas. On m'a dit que c'était bien, que je connaissais des tas de choses, parce que les jeunes à qui on parle d'Edith Piaf font la grimace et répondent "Beurk, c'est une vieille, j'aime pô". Moi au moins je nuance, et j'évite de dire clairement qu'Edith piaf, j'aime à dose homéopathique. Mais chanter Les champs Elysées de Joe Dassin sous le nez de trois Mongols, ça vous les met tout de suite dans la poche. Surtout quand grâce à vous ils savent ENFIN qui chante les chansons de leur enfance, et qu'ils pourront sans tarder aller s'acheter les CD.
On m'a invitée à déjeuner, ce que j'ai remis à plus tard, because maman à la maison à midi, et choses à faire.

J'ai pas mal discuté avec celui qui fait les cours au groupe d'alpha les lundi et mardi, et "il n'a pas vu d'intérêt" ou "pas vu comment exploiter" les feuilles d'exercice sur les sons [on] et [an] que je lui avais laissées. Donc je n'ai rien à préparer pour mercredi, et il m'a bien répété que notre coordinatrice pédagogique a dit que les alphas ne devaient que reconnaître le passé composé, pas le produire. Hum. J'ai fait 4h30 de cours dessus, avec deux exercices de production, plus de la conjugaison... Et les exercices de ce matin, où il s'agissait de produire un peu, et où il y avait des verbes à conjuguer avec l'auxiliaire être ("ça c'était une erreur"  "ah bon? mais je l'ai fait la semaine dernière, c'est très bien passé?!" ai-je pensé très fort) ont été très difficiles.
Moi je ne sais plus, quand j'entends mes collègues, stagiaires de Paris 5, en master 1 (un an de moins que moi donc, et autant de cours en moins) si c'est de la démagogie ou de la paresse caractérisée, mais avec moi le passé composé ça marchait. Le prétexte fallacieux que pour le moment on ne peut pas parler de complément d'objet du verbe (ça c'est vrai) et que par conséquent on ne PEUT pas expliquer comment se fait le passé composé me passe très loin au-dessus. J'ai donné une règle incomplète certes, mais assez simple et il ne manque que des exercices d'application pour que ça rentre.
Et on me dit "non non, il faut qu'ils le reconnaissent seulement, on va s'arrêter là. Je suis assez carré et je veux pas..." blablabla. J'ai pas retenu le reste sinon qu'on me flingue une progression qui marchait. Si je ne fais plus d'exercices là-dessus, ils vont tout oublier, et si je ne fais que du classement dans des tableaux, on va me flinguer moi. Ca sera mes apprenants qui en auront par-dessus la tête. Bon, reprenons ce que disait la coordinatrice: "rien n'est trop facile pour eux. C'est difficile tout le temps, quand c'est facile ils sont rassurés et contents de venir." Je pourrais donc les gaver de facilité pour le restant de mon stage. Après tout.

Tout d'abord, mea culpa, j'aurais dû parler du cours sur le passé composé à mon collègue avant de le faire. Mais je les sentais prêts. Eh oui, c'est ça le hic, c'est qu'ils étaient réceptifs, les apprenants. Ils ont eu un peu de mal, mais c'est RENTRE. Si, si! Je leur ai fait grâce de la règle que même les français ne connaissent pas et qui pour le moment ne leur est d'aucune utilité (je ne développerai pas, c'est un peu complexe), et ça rentrait.
Je saurais pas parler beaucoup italien si ma prof au lycée, qui enseignait à La Sorbonne, ne nous avait pas un peu forcés à ingurgiter des trucs de fous. Eh ben je l'ai passée en LV1 au bac, l'italien.
Eh ben quand on choisit de prendre ses apprenants pour des gens intelligents, on se heurte à des gens qui les prennent pour des ramollos du bulbe et qui n'ont pas envie de se casser la tête sur des leçons et des répétitions. Même quand l'essentiel est déjà fait. Moi ça me fait enrager.

Je me défoule, je sais, ça fait une bonne centaine de lignes pour un seul billet... Mais j'ai envie de crier justice là. Je croyais que mon collègue avait fait des progrès, et je le trouve en train de me dire que mon cours n'a servi à rien, que c'était "pas inutile, mais" ouais, donc que j'aurais pu faire un cours sur le nom des fleurs de la planète Jupiter à la place et que maintenant on va se borner à leur donner de la bouillie parce que les dents de lait des chéris ne peuvent pas mâcher les fruits entiers. Ils se passeront de vitamines, hein?

Bon, calmons-nous.

Comments

[Taha]

Bonjour, je n'ai pas tout vu de ton blog mais à première vue, il parait intéressant. Les exercices que j'ai survolés, sont très exploitables. Bref, ton blog apporte un plus aux profs de fle. Bonne continuation. Merci.

http://prof-de-fle.eklablog.com

Taha